Gilles Misslin Follow
2023-04-02
Je suis ingénieur télécom, parapentiste et sourcier amateur. On m'interroge souvent sur les "dons" du sourcier. Voici ce que je réponds.
En parapente, peu à peu, au fil des années, on prend le réflexe de lever la tête et regarder les nuages qui bourgeonnent en miroir au sommet des montagnes. Peu à peu, on découvre qu'il y a des reliefs et de la végétation qui nous portent plus que d'autres. On observe les oiseaux et leurs battements d'ailes et leur position face au relief et aux vents. Doucement, on aiguise notre faculté d'observation. Tout doucement. Et puis, à moment donné, on arrive à LIRE dans son ensemble les éléments qui nous entourent et qui contribuent à la pratique de performance, en parapente, mais aussi en planeur.
A l'image de la lecture où adulte, nous n'avons plus besoin de nous attarder sur la signification de chaque mot pour comprendre le sens d'une phrase, ou chaque syllabe d'un mode pour comprendre le sens d'un mot, un parapentiste aguerri pratique une lecture globale de ce qui l'entoure et vous dira exactement là où il orienterait son vol, sans s'attacher aux détails composites de cette lecture globale.
Eh bien le sourcier fait la même chose. Il observe. Il regarde l'essence des arbres, leur implantation, la manière dont ils poussent, dont ils penchent et dont ils se distribuent sur un terrain. Finement, il lit le relief. Consulte les cartes Brgm. Épouse l'histoire d'une vallée ou d'un lieu pour comprendre, écouter les personnes qui l'habitent en posant des questions sur la faune existant dans sa zone de recherche. Observe où se situent les vieux bâtiments d'un village, et notamment les maison isolées car on construisait à des endroits où l'eau était présente.
Au bout du compte ce travail d'observation, que je pratique quotidiennement et naturellement, sans y réfléchir, va m'amener à l'eau que je recherche pour des amis ou les amis de mes amis ou bien à la zone où, en parapente, je pourrai m'élever de 1000m en quelques minutes et partager cette magie avec un passager. Et puis, les baguettes permettent d'interroger l'inconscient qui lui aussi, à force, pratique une lecture et une observation. Placées en position d'équilibre très instable, ces baguettes peuvent accompagnent la sensibilité du sourcier amateur que je suis, et apportent un peu de mystère et de folklore à la pratique, alors qu'il n'y en a guère. La plupart du temps, je n'utilise pas de baguettes et je me trompe guère, au grand plaisir des personnes qui me demandent de leur lire pour eux le coin de nature où ils habitent.
Le sourcier habite nos corps, il s'est habitué à "lire" les lieux, la nature, la faune, le relief, le ciel, les récits locaux de manière globale. Voilà tout.